(D) Le château de Sablé-sur-Sarthe.
Du château fort au château d’agrément
Juché sur un promontoire rocheux en bordure de la Sarthe, les vestiges de plusieurs tours attestent de la présence d’une place forte dès le Xème siècle sur ce même promontoire. Construit au XIe siècle par Raoul de Beaumont, vicomte du Maine, il a l’avantage de dominer la Sarthe et se trouve être à l’origine de l’urbanisation de Sablé. Durant la guerre de Cent Ans, les Anglais s'établissent dans les principaux châteaux de la région dont celui de Sablé. Il faut attendre Du Guesclin et le seigneur de Maillé en 1360 pour le libérer et délivrer la ville. Une importante garnison de soldats s’y installe et Sablé demeure de cette manière l’unique place forte du début du XVe que les Français conservent dans le Maine, d’où ils harcèlent sans cesse les Anglais.
C’est sur ces terres de Sablé que fut signé le 19 août 1488 le traité du Verger. C’est un événement important dans la succession au trône de France puisqu’il annule l’union par procuration en 1490 d'Anne de Bretagne et de Maximilien Ier de Habsbourg, héritier du Saint-Empire germanique ayant provoqué la déclaration de guerre au duc de Bretagne François II. Les deux signataires du traité du Verger convinrent aussi qu’il sera interdit à la fille du duc de se marier sans l'accord du roi de France, ce qui fut l'origine de l'annexion du duché au royaume par son Charles VIII, roi de France.
En 1711, Jean-Baptiste Colbert de Torcy (1665-1746), neveu du Grand Colbert et lui-même ministre des Affaires étrangères de Louis XIV, achète le marquisat et décide de raser la forteresse. L'actuel château de la ville s’élève alors entre 1715 et 1750 sur les plans de Fornare, un élève de Mansart. Le gros œuvre est terminé en 1728 et l’aménagement intérieur en 1741 sur les plans de l’architecte Claude Desgots, contrôleur général des Bâtiments du roi et le neveu de Le Nôtre. Colbert de Torcy décède sans héritier et le château passe ensuite brièvement dans les biens de la famille de Rougé. Il est racheté en 1864 par le duc de Chaulnes qui met à la disposition de Charles Cros un laboratoire de recherches sur la photographie en couleurs dans son château.
Après la mort du duc de Chaulnes en 1881, son château est vendu en 1903 par un négociant de Flers. Il est ensuite acheté en 1918 par un couple d’industriels nordistes, les Williot, qui installent leur usine de chicorée dans l’aile gauche et les communs. Débuté en 1921, la production de chicorée cesse en 1962.
En 1978, le château est acquis par la ville de Sablé puis donné à l’État qui y installe une annexe de la Bibliothèque nationale française (BNF).
(1) Place Raphaël Élizé :
Fusion de la Place des Halles et de la Place du Marché-au-Blé où se tient la mairie construite en 1840
L'homme volant, c'est Louis Besnier, serrurier à Sablé (1642-1705), qui a inventé une machine « munie d’ailes pour voler en l’air ». Il est considéré comme un précurseur de l’aviation. Comme l’explique le journal des savants de 1678, « pour passer la rivière de Sablé, il montoit sur un donjon qui est au château… ensuite, se laissant aller il passoit de l’autre côté de la rivière… Un jour, le vent venant à manquer il ne put se soutenir et tomba d’assés haut pour se blesser a la jambe ce qui le dégouta de cet exercice. ». Créé en 2004 par Jean-Claude Ragaru, le musée est consacré à la conquête de l'air.
(2) Au sortir du pont, juste au pied du restaurant Villa Roma / La Terrasse, observez la trace d'une des 6 tours de fortification de la muraille d'enceinte encore visible. Là se tenait la porte Saint-Nicolas.
Place Dom Guéranger :
- l'Église Notre-Dame-en-l'île démolit de 1892 à 1894
- la Maison du Peuple construite à l’initiative de Raphaël Elizé et inauguré en 1938
- l'ancienne marbrerie sur le bras de la rivière de l'autre côté
Raphaël Élizé (4 février 1891 - 9 février 1945 à Buchenwald), premier maire noir de France.
Arrière-petit-fils d‘une esclave affranchie (Élise qui donna son nom au patronyme familial), il fuit à 11 ans la dévastatrice éruption de la Montagne Pelée. Il intègre l’École nationale vétérinaire de Lyon dont il sort major en 1914. Lorsque la guerre éclate, il est mobilisé sur le front de la Marne, dans le 36e régiment colonial d’infanterie. Il survit et est décoré de la Croix de guerre en 1919. La même année, Raphaël Élizé est nommé vétérinaire à Sablé-sur-Sarthe. Le 19 mai 1929, il devient le premier maire noir de France métropolitaine. Il est mobilisé le 3 septembre 1939 comme vétérinaire à Hirson, dans l’Aisne, avec le grade de capitaine. A son retour du front, le 9 août 1940, il est destitué de ses fonctions de maire par l’occupant allemand et reprend son métier à plein temps. A partir du printemps 1943, il s’engage dans la Résistance (réseau Buckmaster, circuit Butler, groupe Max). Dénoncé comme résistant, il est arrêté en septembre 1943. Le 9 février 1945, il est grièvement blessé lors d’un bombardement allié de l'usine d'armement allemande de la Gustloff-Weimar et décède le soir même, 15 jours avant la fin de la guerre.
Dans la Rue des Terres, prêtez attention à la maison au balcon avec l’emblème révolutionnaire ainsi qu'au couvent des Cordelières de Sainte Elisabeth. Fondé par Madeleine de Souvré (Marquise de Sablé qui permit la diffusion du « petit sablé »), c'est aussi le lieu de naissance de Dom Prosper Guéranger.
8 bis Rue Jean Bouin : demeure d'Henri Royer (1897-1945), second adjoint de Raphaël Élizé qui s'est battu pour la construction de la première piscine d’été sarthoise et membre du réseau Max Butler de la Résistance
En traversant la Rue Saint-Nicolas, observez plus particulièrement le numéro 26 (maison d’enfance de Pierre Péan, journaliste d’investigation et auteur du livre « Ma petite France »), un hôtel particulier au numéro 77, les vestiges du Prieuré Saint-Nicolas au niveau du numéro 115 etc ...
(7) 21 Rue Aristide Briand = cimetière de Sablé où se trouve la tombe de Raphaël Elizé et de Joël Le Theule.
C'est là que se tenait également l’ancien hôpital de Sablé inauguré le lundi 4 février 1976 par Simone Vieil.
Isolée au cœur d’un grand parc, le château de la Martinière est construit à l’écart de la ville entre 1882 et 1890 par l’architecte Delarue qui est le bâtisseur de nombreux châteaux de la même facture dans la région.
A l’origine, Le Jardin Public Michel Vieille était un endroit sauvage connu sous le nom de « la Roche » où un loup fut abattu en 1808. La propriété, qui s'étendait de la maison au 33 de la Rue d'Erve jusqu'au viaduc, appartenait à la famille Vielle.Créé au début du XVIIIème siècle par François Vielle (1793-1848), le jardin a été légué à son neveu Joseph-Michel Vielle (1821-1890) qui continua de l'embellir et de l'entretenir. A sa mort le 2 février 1890 à Sablé, Joseph-Michel Vielle (maire de Sablé vers 1871-1872) lègue à la ville de Sablé sa propriété pour en faire un jardin public. Placée à l’extrémité Est en haut du Jardin, une colonne commémorative de marbre blanc rappelle aux promeneurs par l’inscription gravée dessus cette donation et vante la manière dont François Vielle il a su planter et embellir cette propriété : « de 1830 à 1848, époque de son décès, il n’a cessé d’employer les pauvres ouvriers dans les temps les plus rigoureux et les plus malheureux. C’est ainsi qu’il concevait l’aumône : moraliser l’homme par le travail… ! ». Ce dernier, négociant sabolien en sel, résines et graines de trèfle, est l’un des concessionnaires de la mine de Solesmes et le créateur de la première banque sabolienne en 1820.
Maison médicale de la rue Pasteur :
Les Dr Lambert et Marcais, médecins saboliens, signent en décembre 1938 un contrat d’association. Cela marque les premiers pas de la médecine de groupe en France dont Sablé reste longtemps la ville pionnière.
En 1945, un troisième médecin se joint à eux et un cabinet commun bien équipé est installé là et placé sous la surveillance d’une infirmière secrétaire.
Avec son pont, la Rue d'Erve abrite la demeure de plusieurs résistants saboliens déportés (celle de la famille Lemore, celle d’Adolphe Soury au numéro 27 et celle de Madeleine et Marcel Richard au numéro 17) et une maison ornée d’une Vierge à l’enfant à l’emplacement de l’ancienne porte fortifiée d’Erve.
11 Rue Carnot (voie reliant le centre et la route de Laval depuis 1840) : atelier Malicot
En 1831, le grand-père de Joseph Malicot installe son atelier de peintre vitrier. En 1971, le père succède au grand-père. Joseph Malicot naît le 31 mai 1874 et commence à travailler dans l’entreprise familiale à 16 ans. Pendant les 3 ans de son service militaire, il se fait remarquer pour ses connaissances en photographie. Il succède à son père à la tête du commerce ancestrale de peintre-vitrier en 1898. La notoriété de la famille Malicot est telle que les gens affluent pour s’y faire photographier. Joseph Malicot décide alors de construire l’atelier de photographie en 1899. En 1907, il refait le magasin et sa devanture. La photographie prend alors le pas sur le métier de peintre-vitrier. Il fait également de la photographie comme reporter en extérieur, ce qui débouche sur l’édition de cartes postales. Devant l’ampleur de la demande, Joseph Malicot se lance dans une production à grande échelle en multipliant les clichés de Sablé et des alentours, tel l’abbaye de Solesmes.
Grâce à Jean Distel, un projet de rénovation de l’atelier Malicot démarre en 2007-2008. L’atelier refait à l’identique permet de continuer à faire vivre la photo à l’ancienne. D'ailleurs, dans l'émission « L‘Histoire au Quotidien » sur le thème « XIXème siècle, de Napoléon à la Tour Eiffel » en 2015, le présentateur Mac Lesggy et Marjolaine Boutet (co-présentatrice et historienne agrégée) y relate le processus de fabrication d’une photographie au XIXe siècle : préparation de l’atelier, choix des décors et des costumes, prise de vue, développement de la photographie…
Place du champ de foire : ancien Marché aux bestiaux d'où partit le Tour de France en 1975
Elle était à l'origine considérée comme en dehors de la ville de (hors de l’enceinte des anciennes murailles) et accueillait alors des exécutions.
32 Rue Gambetta : ancien Collège Gambetta où une plaque apposée le 24 avril 2009 commémore la déportation de la famille Zylberszlak : « A la mémoire de Betty ZYLBERSZLAK 12 ans, élève de cet établissement scolaire, anciennement Collège Gambetta, de son petit frère, Claude, 4 ans, et de ses parents Régine et Léon, arrêtés le 9 octobre 1942 victimes innocentes de la Shoah à Auschwitz en juillet 1943 et à tous les enfants et familles juifs de France victimes du nazisme ».
Originaire de la Pologne en crise, la famille Zylberszlak s'installe en 1930 à Valenciennes qu'ils fuient en mai 1940 pour se réfugier à Paris puis au Mans et enfin à Sablé le 15 mai 1940. Leur nationalité est retirée en juin 1941. Le 9 octobre 1942, comme 142 personnes, ils sont arrêtés dans l’après-midi à leur domicile par des gendarmes français et des militaires allemands et embarqués dans un bus pour le camp de Mulsanne, au sud du Mans. Ils sont ensuite conduits le 18 octobre 1942 au camp de Drancy, en région parisienne puis ils sont entassés dans un wagon à bestiaux en direction du camp d'Auschwitz le dimanche 18 juillet 1943 vers 5 heures du matin. Le trajet dure trois jours et trois nuits. Claude et Betty (12 ans) décèdent le 23 juillet 1943 à Auschwitz, certainement par le gaz.
4 Boulevard de la Primaudière : atelier de fabrication de matériel agricole des frères Gerbouin en 1863 puis fonderie Grandry depuis 1938