La fontaine Sainte-Radegonde
Autrefois, cette source était connue dans la région pour ses vertus thérapeutiques des maladies de peau, son eau soignait aussi des ophtalmies. Lors de la restauration de la fontaine en 1998, on a découvert la plaque émaillée du fabriquant : "DUMAS marbrier-rocailleur, rue écuyère à Caen", ce qui a permis de dater sa construction. Elle a été érigée entre 1826 et 1868 par Casimir Edmond Costé, marquis de Triquerville et maire de Cagny de 1851 à 1866. Dans la reconstitution de grotte en rochers artificiels se dresse la statue de Sainte-Radegonde réalisée en pierre de Caen en 1998 par le sculpteur caennais Roland Moulin. À ses pieds, trois margelles en forme d'étagère permettent de poser des fleurs, des cierges, des offrandes. Presque au ras du sol, sur la droite, accolé au mur, on peut lire le début d'un poème :
"En ces temps obscurcis des cendres du passé
Quel est ce rayon plongeant dans l'eau profonde
Attirant fascinant tout ce peuple lassé
C'est ton sceptre royal Sainte-Radegonde
O Reine ô sainte ô mère égide des souffrants
Ange de la patr... "
Le reste est cassé. Il était signé d'une dame, peut-être la châtelaine de Cagny ou une de ses proches.
À deux reprises depuis sa création, la fontaine a échappé à la destruction. Si elle a survécu au désastre des bombardements du 18 juillet 1944 qui devaient anéantir le cœur de Cagny, elle en conserve cependant les traces par les éclats sur ses murs. Lorsque la terrible tempête du 26 décembre 1999 renversa comme des fétus de paille de gros arbres âgés d'une soixantaine d'années, la fontaine et la sainte furent une nouvelle fois épargnées comme par miracle.
L'opération Goodwood
Le 18 juillet 1944 éclate l'attaque la plus massive qu'aient encore lancée les Britanniques depuis le début des opérations. La zone de départ de l'opération Goodwood est la région de Ranville. L'axe passe à l'ouest de Cagny, en direction de Bourguébus. Entre 5 et 7 heures du matin 2 000 avions déversent 8 000 tonnes de bombes. À lui seul Cagny reçoit 650 tonnes de bombes, soit une tonne de bombes sur 300 m2 ! Les dégâts sont considérables. De nombreux engins allemands sont mis hors de combat. Le choc psychologique est énorme. La bataille va engager un millier de chars. À 10 heures 30 les chars du 2e Fife and Forfar Yeomanry de la 11e Division Blindée ont progressé jusqu'à la voie ferrée Caen-Paris sans incident particulier. À ce moment, le 3e escadron qui est derrière, entre Cagny et Le Mesnil Frémentel, est décimé par une batterie de 88 mm allemande qui tire depuis Cagny. 12 chars sont détruits en quelques secondes. La progression est stoppée. Ce n'est qu'à 16 heures que le village de Cagny passera aux mains des hommes de la British Guards Division. Le front se stabilisera ensuite entre Cagny et Frénouville. Dans l'axe de l'attaque, après de durs combats à Hubert-Folie et Bourguébus en particulier, les chars de la 7e Division Blindée Britannique n'atteindront la crête de Bourguébus que le lendemain soir. Les pertes en hommes sont de 4000 morts ou blessés. Le nombre de chars anglais mis hors de combat est considérable (400 dont 250 irrémédiablement). On peut consulter un panneau d'information touristique très complet dans le centre de Cagny. Au cours de la bataille un Irish Guard intrépide, constatant que le canon de son char est bloqué lance son Sherman à toute allure contre le Tiger allemand qui lui fait face, le mettant ainsi hors de combat. Un monument lui est consacré sur la D 225.
Le hameau du Poirier
Le hameau du Poirier fut rattaché à la commune de Frénouville en 1927.
La Chapelle du Poirier
Reconstruite en style "moderne", la Chapelle Notre-Dame du Poirier avait été fondée vers 1160. Elle avait été restaurée en 1781 comme le montrent deux pierres scellées en haut des murs intérieurs, de chaque côté, portant la mention : "Cette pierre fait la séparation de la nef et du chœur 1781." Un système acoustique avait été installé lors de cette restauration. Il comprenait deux tuyaux sonores encastrés dans les murs, de chaque côté de la nef et se faisant vis-à-vis. Il reste aussi un crucifix en poirier. Au-dessus de l'entrée un petit tourillon comporte une cloche fondue en 1902.
Lieu de la Résistance
Pendant l'année 1944, la chapelle servit de siège, à partir du samedi 10 juin, à l'état-major F.F.I. et c'est pourquoi le commandant Gille, selon son désir, a été inhumé dans le cimetière le 26 janvier 1971. Il commandait la compagnie Fred Scamaroni du nom de ce préfet engagé dans la Résistance depuis 1940 et qui s'était suicidé en prison pour ne rien révéler à ses tortionnaires italiens. La rue principale du Poirier porte désormais son nom.
La villa des Emalés
Vers 1960, l'instituteur Bernard Martin a découvert les thermes d'une villa gallo-romaine dans le pré situé à l'ouest du chemin allant du Poirier à la Hogue. C'était une villa assez luxueuse aux murs intérieurs décorés et aux pièces chauffées par hypocauste. Elle fut vraisemblablement brûlée pendant les invasions du IIIe siècle, reconstruite moins vaste et finalement détruite au Ve ou VIe siècle lors des invasions barbares.
La sucrerie de Cagny
Saint-Louis Sucre a annoncé mercredi 31 mars 2021 la fermeture définitive du site de la sucrerie de Cagny, près de Caen.
La sucrerie était installée à Cagny depuis 1951. Entre la fin septembre et la fin décembre, elle extrayait en moyenne quotidiennement 1250 t de sucre de première qualité des 10 000 t de betteraves qui lui étaient livrées depuis les départements de l'Orne, de l'Eure et du Calvados par environ 1500 planteurs. Une partie du sirop était stocké pour être traité au cours d'une "mini-campagne" d'un mois au printemps. Une centaine d'employés permanents y travaillaient ainsi qu'environ 75 saisonniers. 80% de la production était destinée à l'usine de Nassandres (Eure) qui conditionne le sucre en boîtes pour le commerce de détail. Le reste était livré aux industries alimentaires locales.
45 km de tuyaux
La sucrerie récupérait l'eau que contiennent les betteraves et s'en servait dans le "process" pour le lavage et le transport des betteraves dans l'usine. Ainsi, la nappe phréatique n'était pas sollicitée. Pendant la campagne sucrière, 24h/24, 7j/7, 4 000 m³ d'eau terreuse étaient acheminés quotidiennement dans les champs des environs par un réseau de 45 km de tuyaux. Pour assurer un débit de 100 m³/h à une distance pouvant atteindre 9 km, une pression de 20 bars était nécessaire au départ. A raison de 150 g/litre d'eau, les asperseurs d'irrigation redonnaient ainsi à la terre les limons, fertilisants (potasse, azote, chaux, etc.), mais aussi les graines indésirables apportées à la sucrerie avec les betteraves.
Église Saint-Germain
Au début du XIIe siècle, Saint-Germain est l'église mère des cinq églises qui se situent sur le territoire de Cagny. Au début de la guerre de cent ans, dans la deuxième partie du XIVe siècle, Aimart Bourgoise, vicomte de Caen, fait profiter le village de sa fortune. C'est à lui que l'on doit la tour et le chœur de Saint-Germain de Cagny, partie classée de l'église que nous connaissons encore aujourd'hui. Partiellement détruite en juillet 1944, l'église a été restaurée et une nouvelle nef construite en 1960. Sous la corniche, un seul modillon à tête grimaçante subsiste de ceux qui semblaient autrefois se moquer du passant. Des chimères à têtes humaines les accompagnent. Deux chiens aux angles du pignon du chevet gardent le sanctuaire. Le cadran solaire, a été réalisé en 1692, probablement à l'initiative de Suzanne de Monginot, dame de Cagny, qui souhaitait marquer ainsi le retour de la famille Mesnage dans le sein de l'Église catholique et romaine, après un siècle et demi d'appartenance à l'Église réformée. Il a été restauré en 1994. Sur son bandeau supérieur est gravée la sentence suivante : "ASTRA REGUNT HOMINES SED DEUS ASTRA REGIT" ("Les astres régissent les hommes mais Dieu régit les astres"). La terre tournant sur elle-même de façon irrégulière, une courbe de correction y a été ajoutée. Outre la petite cloche de l'horloge, marquant les heures, le clocher en abrite deux plus grandes qui datent de 1818. Elles sont baptisées du nom des dames de la famille du châtelain Louis Mesnage. La plus grosse, Antoinette, pèse 340 kg. L'autre, Pauline, fait 190 kg. Les têtes des statues de Saint-Germain et Sainte-Radegonde qui encadraient l'autel au début du XXe siècle sont maintenant exposées au chevet de la nouvelle nef.
Le calvaire
Un calvaire en granite avait été érigé en 1899 à la sortie du village vers l'Est. Seul son socle a survécu aux bombardements de juillet 1944. Avec les dommages de guerre, le conseil municipal avait fait ériger en 1960 un calvaire en bois derrière le chevet de l'église. L'état de ce calvaire s'étant dégradé avec le temps, il a été remplacé en 2004 par un nouveau réalisé bénévolement par Antoine Lagarigue, artiste sculpteur alors employé de la sucrerie.