Le Protestantisme en Deux-Sèvres
Histoire d'une religion et d'une société rurale
1.1 - Sous l'Ancien Régime
Tandis que les cultivateurs du Nord de l'actuel département des Deux-Sèvres étaient en majorité catholiques, le Sud (Bas-Poitou) était surtout peuplé de protestants depuis le XVIe siècle.
La propagation de la Réforme protestante se fait très rapidement en Aunis, Saintonge et dans le Poitou, tout comme en Bretagne et en Anjou. Entre la présence de Luther en Allemagne en 1517 et la naissance de Catherine de Parthenay en 1554, trois générations de protestants se sont déjà succédés. C’est dire que les idées, se propagent très vite et que les événements se précipitent pour ceux que l’on appelait les huguenots, voire « la vermine luthérienne ».
En 1534, Calvin est à Poitiers et les idées de la Réforme vont trouver une large audience auprès du monde de l’université puis, avec les voyageurs, les colporteurs et surtout l’imprimerie, une plus large diffusion encore auprès des artisans et des commerçants. Dès l’origine, les foyers les plus fervents vont se situer à Angoulême, Cognac, Saintes et Saint-Jean-d’Angély, la presqu’île d’Arvert, Marennes, Saujon, Pons, La Rochelle, Saint-Martin-de-Ré ainsi qu’à Poitiers et Loudun. Le Poitou, pris en tenaille entre Tours et Amboise, la Haute Bretagne et le Béarn gagnés à la Réforme, sera un des hauts lieux de la propagation du protestantisme, des guerres de Religion et de leurs conséquences. La soumission de La Rochelle, le 28 octobre 1628, marque la fin du protestantisme militaire. Cependant, les seigneurs cultivés et voyageurs pour la guerre ou le loisir, entraînant leur entourage et leur domesticité, les élites et les commerçants, vont concourir à entretenir la vitalité du protestantisme de l’Ouest, en relation avec les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Angleterre.
1.2 - Aux XIXe et XXe siècles
Les dragonnades et les persécutions de l'Église du Désert sont autant de mauvais souvenirs qui expliquent en partie pourquoi les protestants, majoritaires dans le Sud du nouveau département, ont adhéré facilement à la Révolution et à ce qu’elle entraînait : la chute de la royauté. Ils se sont engagés massivement dans des milices pour lutter contre les Chouans alors que les habitants du Nord du département, majoritairement catholiques, se sont rapprochés des Vendéens. Après le décret impérial du 5 mai 1806 autorisant les protestants à avoir des lieux de culte, les communautés du Poitou et des Charentes, sortant de plus d’un siècle de « désert », vont se maintenir là où elles étaient le mieux implantées depuis l’origine. Aujourd’hui encore, on peut noter dans les Deux-Sèvres des différences notables à chaque élection entre un Sud qui vote le plus souvent à gauche et un Nord à droite. Malgré l’exil massif qui a suivi la Révocation en 1685, la présence protestante dans la région reste forte jusqu’à la Révolution. Les protestants obtiennent la liberté d’état civil en 1787. La liberté officieuse du culte, établie en 1789, devient officielle en 1795 et est confirmée en 1905. Au cours du XIXe siècle, des colporteurs et des évangélistes participent à la renaissance de ce culte dans toute la région.
Le Poitou compte alors plus de 30 000 protestants, répartis essentiellement dans les Deux-Sèvres, entre Melle et Niort, avec quelques centres isolés vers Moncoutant et un peu dans la Vienne. Dans certains secteurs, la moitié de la population est calviniste et une dizaine de communes ne compte même aucun catholique. Le foyer le plus important est ensuite celui de la presqu’île d’Arvert, autour de Marennes en Charente-Maritime avec quelques communautés en Charente entre Jarnac et Saintes, estimées à 20 000 fidèles. La Rochelle, tout comme le port de Nantes, compte encore parmi les centres protestants les plus importants.
Les nouveaux pasteurs nommés dans la région n’accordent que peu d’importance à la construction de temples, utilisant à l’occasion des granges ou des églises désaffectées. Par ailleurs, les nouvelles constructions souffrent vite du manque d’entretien.
Petit à petit, au cours du XIXe siècle, le culte protestant, de rural qu’il était, se déplace vers les milieux urbains, suivant les « élites » instruites, en partie par la lecture de la Bible, qui vont jouer un rôle actif dans l’industrie, le commerce ou la fonction publique.
En 1874, des protestants français adressent une pétition aux députés protestants de l'Assemblée nationale. On peut y relever les noms de : Belluc, pasteur-président du Consistoire de Melle (Deux-Sèvres). — Sabatier, pasteur, à Mougon. — Bastoul, id, à Verrines. — Montet, id. à Thorigné. — Moreau, secrétaire du Consistoire, à Nôgresauve-Saint-Romant. — Foucher, maire de Saint-Romans-lès-Melle. — Bontier, maire de Chail. — Augereau, membre du Consistoire, à Saint-Léger. — Fouché, id. à Verrines. — Fouchier, id., à Saint-Vincent.— Foucher Jacques, id, à Melle. — Houmeau, id. à Celles. — Rivault, id, à Celles. — Ingrand F., id., à Verrines. — Ingrand J., propriétaire, id. — Quintard, id. à Saint-Romans-lès-Melle. — Déchaîne, horloger, id.
Pour en savoir plus :
Source : Chronique failiale Familles Duvigneau, Gervais, Basille et Bosséno (extraits)