De La Couarde au Moulin de Faugeré

Petite randonnée en terre protestante autour de la Couarde. Elle présente un intérêt tant sur le plan des paysages et du patrimoine naturel (dont le Moulin de Faugeré) que du patrimoine architectural (cimetières familiaux, terres des Assemblèes au Désert, etc).

Fiche technique

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Création :
Mise à jour :
Dernier avis :
  • Pédestre
    Activité : Randonnée Pédestre
  • ↔
    Distance : 7,98 km
  • ◔
    Durée moyenne : 2h 25 
  • ▲
    Difficulté : Facile

  • ⚐
    Retour point de depart : Oui
  • ↗
    Dénivelé positif : + 62 m
  • ↘
    Dénivelé négatif : - 63 m

  • ▲
    Point haut : 185 m
  • ▼
    Point bas : 126 m
  • ⚐ Pays : France
  • ⚐ Commune : La Couarde (79800)
  • ⚑
    Départ/Arrivée : N 46.318362° / O 0.156991°
  • ❏
    Carte(s) IGN : Ref. 1628SB
  • Météo détaillée heure par heure

Photos

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Description de la randonnée

(D/A) Au sortir du parking, tourner à gauche dans la rue qui passe devant la mairie et la suivre prudemment jusqu'au prochain croisement. Bifurquer alors à gauche.

(1) Au carrefour, bifurquer à droite dans un chemin ombragé. Le suivre jusqu'à une fourche située au niveau de la ferme équestre de La Berlière.

(2) Choisir alors le chemin de droite qui passe à proximité d'une source un peu plus loin. Continuer tout droit (Sud-Ouest) en ignorant tous les départs sur les côtés. Retrouver le goudron et traverser le hameau de La Berthaudière et continuer sur la petite route (source sur le côté gauche).

(3) Passée le Moulin de Faugeré (belle maison restaurée). Déboucher sur une route, la suivre à droite et franchir le Lambon. Monter avec prudence vers le lieu-dit la Bouctière.

(4) A la première intersection, tourner à gauche. Passer le lieu-dit la Maison Rouge et, à la fourche qui suit, choisir celle de droite, en légère montée.

(5) A l'intersection suivante (maisons côté gauche), virer à droite dans un chemin qui descend pour franchir un vallon avant de monter. Au croisement en T, aller à droite, ignorer aussitôt un départ sur la gauche et descendre (risque de glissage en cas de pluies abondantes). Déboucher sur une route en contrebas du lieu-dit Caunay et la suivre à droite.

(6) Au bout, effectuer un gauche-droite pour suivre un chemin en légère montée. En haut, à un croisement, continuer tout droit (Nord-Est). Déboucher sur une route et la suivre à droite (possibilité de marcher entre les arbres sur le côté droit de la route où une allée plus ou moins marquée existe).

(7) Au croisement, bifurquer à gauche dans un chemin. Au bout, virer à droite et suivre prudemment une petite route. Continuer tout droit jusqu'à et longer un petit étang en triangle à main droite.

(8) A l'angle de l'étang, continuer tout droit dans un chemin dit Chemin du Quai Laitier. Noter des cimetières familiaux de part et d'autre du chemin. AU croisement, prendre à droite le Chemin du Canon, qui ne tarde pas à se transformer en petite route. Traverser prudemment le croisement et continuer tout droit jusqu'à la mairie /A::.

Points de passages

  1. D/A : km 0 - alt. 185 m - Parking de la mairie de la Couarde
  2. 1 : km 0.88 - alt. 176 m - La Vilaine Croisée
  3. 2 : km 1.22 - alt. 166 m - La Berlière. Vers le - Lambon (rivière) - Affluent de la Sèvre Niortaise
  4. 3 : km 2.77 - alt. 129 m - Moulin de Faugeré
  5. 4 : km 3.33 - alt. 155 m - Croisement
  6. 5 : km 4.16 - alt. 151 m - Intersection
  7. 6 : km 5.29 - alt. 157 m - Croisement en T
  8. 7 : km 6.71 - alt. 175 m - Croisement
  9. 8 : km 7.35 - alt. 180 m - Etang en triangle
  10. D/A : km 7.98 - alt. 185 m - Parking de la mairie de la Couarde

Informations pratiques

Le point de stationnement se situe sur le parking de la Maison Péléboise, à proximité de la Mairie.

Cette randonnée en terrain varié nécessite d'être très bien chaussé.

Ce parcours non balisé ne présente pas de réelles difficultés. Il emprunte des portions balisés en jaune d'autres circuits. En conséquence il est conseillé de suivre les indications de ce descriptif et de la carte en y alliant une lecture des paysages traversés. Les indications de distance depuis le point de départ, voire les coordonnées GPS des points de passage (départ inclus) peuvent également faciliter le repérage du randonneur.

Randonnée réalisée par l'auteur le 9 décembre 2020

Soyez toujours prudent et prévoyant lors d'une randonnée. Visorando et l'auteur de cette fiche ne pourront pas être tenus responsables en cas d'accident survenu sur ce circuit.

A proximité

La Couarde
Histoire
« Commune de Goux, faits d’histoire locale »
Rédigé en 1902 par Louis Pigeau, nommé instituteur en 1885
(Archives du Centre de Documentation Jean Rivierre de La Couarde)
« Il y a huit cents ans, Goux se nommait Goos. On ignore quelle est la première origine du nom. Tout donne lieu de croire que cette localité n’a jamais été remarquable car les anciennes archives n’en parlent que très rarement. Celles conservées à la Mairie ne remontent qu’à l’année 1693.
À cette époque-là les curés étaient chargés de tenir les registres de l’état-civil et comme ils étaient peu lettrés, il en résultait des explications embrouillées et une écriture souvent si mauvaise qu’il est aujourd’hui difficile de la déchiffrer.
Il y avait autrefois une église au bourg de Goux. C’était un très petit bâtiment sombre, peu élevé et de triste apparence. Il existe encore mais il fait maintenant partie des servitudes de la ferme de Goux et le fermier l’utilise pour y rentrer son bois, ses pommes de terre etc…
Le culte catholique y fut célébré jusqu’en 1792. Aussitôt après la suppression du culte, les membres du haut clergé eurent soin de faire enlever tout le petit mobilier qui s’y trouvait.
Le nombre des catholiques a toujours été restreint dans la commune de Goux. La légende rapporte même qu’à une époque il n’y avait que le curé et que son sacristain était protestant, aussi, le dimanche, ce dernier disait au curé : « Allons, dépêchez-vous à dire votre messe afin que je puisse aller au temple.
Le Lambon qui prend sa source à Goux n’est pas poissonneux, l’eau y est trop froide.
Dans le terrain dit « Les Combes » dépendant de la ferme de La Perjaudière, se trouve un chêne remarquable. Sa circonférence est de 5 m au milieu d’un tronc de 4,70 m. Certaines branches ont à partir du tronc jusqu’à 13 m, ce qui lui donne un diamètre de 26 m. Cet arbre attire beaucoup de visiteurs et il est même reconnu à tuer…. Les têtes sont présentées à la mairie et enfouies aussitôt. Le nombre en est inscrit sur un registre. Chaque tête est payée 0,20F environ. Il parait, d’après les chasseurs de vipères que la profession est moins dangereuse qu’on serait en droit de le supposer !
Au lieu-dit Fonquiérée, sur le bord de la forêt, se trouve un monticule de plusieurs ares de superficie.
La légende y place un ancien château, rien ne vient le justifier.
Près du village de La Foix dans un terrain dépendant de la ferme d’Aiglemier, et appelé le Château, se trouve un monticule d’une superficie de 12 à 15 ares et d’une hauteur de 5m environ. À 1 km environ de ce monticule au lieu-dit La Garenne, dépendant encore d’Aiglemier, on remarque 5 fosses longues de 10 m environ larges de 5 m.
La commune de Goux est traversée de l’Est à l’Ouest par une ancienne voie romaine dite chemin des Sauniers, venant de Poitiers, Lusignan, par Loubigné, Bagnaux, passant tout près de La Bosse, Le Souci, La Couarde, et prenant ensuite la direction de Thorigné. Cette voie, très pratiquée à l’époque où les muletiers allaient chercher le sel de l’Océan pour le transporter par toute la France n’est plus aujourd’hui qu’un simple chemin vicinal lorsqu’il n’est pas totalement abandonné.
Au lieu-dit Faugeré, au bord de la magnifique petite vallée du Lambon, se trouve un ancien château assez bien conservé. Rien n’indique à quelle époque ce château fut construit ; inhabité aujourd’hui il est malgré tout bien entretenu par le propriétaire. Ce dernier seigneur qui l’a habité se nommait Jacques René Sermanton écuyer de Louis XV. La famille Sermanton possédait le château ainsi que les magnifiques fermes qui l’environnent.
En 1699, à la suite du décès d’un Sermanton, voici ce qui fut affiché à Goux : « Au 25 décembre 1699, vente par dedans la cour du château de Faugeré des meubles et bestiaux de messire René de Sermanton écuyer, seigneur de Faugeré à la demande de sa veuve, Dame Scholastique Thebault.
Affiché devant et constre la porte de l’église de Goux, issue de la grand’messe ».
Deux inscriptions relatives aux derniers membres de la famille Sermanton ont été trouvées dans les pierres tumulaires du pavé de l’ancienne église de Goux. Ces pierres tumulaires ont été transportées à Faugeré le 1er juin 1866 par les soins de Mr de La Revranchère propriétaire actuel du château.
En 1661, les dragons du roi se répandaient dans la région. 105 habitants de Goux, effrayés par les menaces, abjurèrent le protestantisme. En 1697, les assemblées religieuses clandestines eurent lieu aux Côtes, à Maupertuis, dans les bois de La Foix. Un nommé Jean Vinet, fermier à Faugeré fut en 1715 condamné aux galères à perpétuité. En 1751, le sieur Savariaux fut jeté dans les cachots pour sa foi.
Acte de mariage : « Ce 8e jour de juin 1722, je soussigné prêtre ait béni le mariage de François Proust fils majeur de deffunts François Proust et de Marie Broussart ses père et mère avec Magdeleine Albert fille majeure de deffunts Jacques Albert et de Marie Pichebrun ses père et mère tous deux de cette paroisse après publication de bans sans opposition et la réception du sacrement de pénitence précédé de l’abjuration solennelle de l’hérésie faite par eux dans l’église paroissiale entre mes mains.
1840 : 540 habitants – 84 décès
De 1843 à 1853 : 113 naissances – 56 mariages *
Dans les années 1849 à 1885 : 88 conscrits. Sur ce nombre, un seul ne savait ni lire ni écrire.
En 1866, un piqueur ou cantonnier y est employé pendant 6 mois chaque année.
Les habitants sont travailleurs, pour la plupart, ils conservent la routine, coupent le foin à la faux, le blé à la faucille et labourent à sillons. Cependant, le progrès parait arriver assez vite et certains fermiers ont pour leurs grandes exploitations adopté les faucheuses, les moissonneuses et par suite le labourage à plat. Presque partout l’assolement est adopté ainsi : 1re année plantes sarclées, 2e année froment, 3e année avoine, 4e année trèfle.
Les artisans sont peu nombreux. Tout le monde se livre à la culture de la terre. Beaucoup de petits cultivateurs sont propriétaires, et, sans être riches, ils vivent aisément. Il n’y a pas de pauvres, aussi l’administration municipale est-elle fort embarrassée pour faire la distribution de pain aux indigents. »

  • En 1865 : 565 habitants, tous protestants – École communale filles et garçons : 50 élèves (in Annuaire Protestant de 1865)

En 1906 : 525 habitants
En 1975 : 302 habitants

Décret du 15 décembre 1890 signé par le Président Carnot
Art. 1er. Le chef-lieu de la commune de Goux (arrondissement de Melle, département des Deux-Sèvres) est transféré à La Couarde.

Origine du nom
Une "couarde" est un terrain en forme de pointe... Par extension le nom "La Couarde" fut donné à notre village situé en pointe sud de la Forêt de l'Hermitain.

Histoire protestante
« La main dans la main »
Récits du terroir poitevin (de l’an 250 à l’an 1900)
Jean Rivierre
Edité par la Société Centrale d’Evangélisation, 1952

Extrait « Résurrection. La vie d’un cultivateur de Goux en l’an 1720 » - Chapitre I

« Il est, au cœur du Poitou huguenot, un pays mystérieux.
Ce pays n’a pas de nom. Sur aucune carte vous n’en trouverez le nom. Quand vous y passerez, demandez à qui vous voudrez comment le pays s’appelle : on vous répondra par le nom d’un hameau, ou d’une ferme perdue dans les grands arbres. Mais ce ne sera pas le nom de ce pays qui n’en a pas.
Ce pays n’a pas non plus de limites très précises. Aucun préfet des Deux-Sèvres ne saura vous les indiquer, non plus qu’aucun garde-champêtre. Ce sont pourtant messieurs bien renseignés, mais qui ne peuvent voir ces choses-là. Le pays dont je parle s’étend sur plusieurs paroisses, mais il ne couvre entièrement aucune d’elles. Ce que j’affirme, c’est que c’est un pays distinct de tous les autres. Il faut être, sur la nouvelle route goudronnée, un voyageur bien pressé pour ne s’apercevoir de rien en le traversant. Pour quiconque y voyage à pied, pour quiconque sait parler avec l’arbre, avec la terre et avec l’eau, avec la voix présente et proche du passé, il est clair qu’il y a là quelque chose qu’on ne trouve pas ailleurs.
Ce pays est un pays fermé. Non pas qu’on n’y puisse venir, de partout. Mais justement quand on y entre, on dirait que quelque chose se referme sur vous. On se sent pris, entre ces bois et ces haies. Aux quatre coins de ce pays, sans doute quatre anges se tiennent-ils, gigantesques, invisibles, et muets. Ce serait eux, alors, qui tiendraient étendu sur les champs ce voile de brume très légère, presque impalpable, qui n’est pas faite d’humidité, mais de silence, et qui flotte là depuis des siècles. Je croirais fort que ceux qui sont nés là, et qui y vivent, ne s’en sont pas aperçus. Mais pour celui qui vient d’ailleurs, le doute n’est pas possible : il plane sur ce pays une présence mystérieuse, qui met le doigt sur les lèvres, et qui dit : chut !
Les bruits en ce pays semblent faits pour s’éteindre. Les chemins semblent faits pour se dérober, derrière le proche tournant. Les maisons semblent faites pour se cacher, et elles ne s’en privent pas, tirant devant elles des rideaux d’arbres. Les feuilles semblent faites pour tomber, tant on en trouve au sol, même au printemps, d’épais matelas. Les hommes enfin semblent faits pour s’enfuir : ils n’ont jamais qu’un pas à faire pour disparaître.
On croit toujours être seul, dans ce pays, mais cela ne veut pas dire qu’on le soit. Des naseaux fument, derrière la haie ? C’est qu’on laboure. Des brindilles ont craqué sur la droite ? C’est qu’on fagote. Parce que vous ne voyez personne, ne dites jamais : nul ne me voit ! Plusieurs yeux vous regardent peut-être, et de tout près.
Que l’on monte de Saint-Maixent, ou de La Mothe, ou de Celles, ou de Melle, qui sont en vérité de grandes et
populeuses cités, allant jusqu’à réunir quelques milliers d’habitants, on découvre toujours ce pays du silence. Et que l’on vienne de la grande plaine nue de Niort et de Mougon, à peine relevée de quelques cyprès épars, ou des terres calcaires d’Exoudun, parsemées de noyers, ou encore des lumineuses collines qui, vers Melle, descendent vers le Midi, on pénètre tôt ou tard, sur cette terre étrange, où la lumière baisse d’un degré, où le soleil même et sa chaleur, où le vent même et sa rigueur, doivent se faufiler et se fragmenter entre d’innombrables cloisons.
Ce pays, c’est le sommet, le cœur, c’est le réduit secret de toute une région. C’est la retraite où il faudrait aller si l’on avait à fuir. Aux derniers temps huguenots, ce fut la citadelle de la résistance : les vallées et les villes s’étaient ouvertes à l’adversaire accueillant comme toujours le vent qui vient de loin. Quand on voulait retrouver Dieu on montait silencieusement là-haut, la nuit, par les sentiers. On y trouvait toujours quelque assemblée et quelque prédicant. On s’apercevait avec joie qu’on était encore des milliers. Puis on redescendait, comme des ruisseaux d’eau vive, dans toutes les directions.
Car ce pays est un pays de sources. Savez-vous comme s’y appellent les villages ? Ils s’appellent Fomblanche, Fombedoire, Fombelle, Fonmorte, Fonquerré, Fonchâtré, Fontagnou, Fonfréroux… et ce sont autant de fontaines.
Faites quelques pas, sans presque monter ni descendre : vous passerez d’un versant sur un autre. Il est telle colline, haute de quelques dizaines de mètres, d’où les eaux rayonnent, sous vos yeux, vers la Sèvre et vers Niort, vers la Charente et Rochefort, vers Poitiers et vers Nantes, enfin, par la lointaine Loire.
Il est dans ce pays, des chemins bien curieux. Ils sont parfois très étroits, d’une étroitesse déconcertante. Ils
s’étranglent entre des haies plus larges qu’eux, qui ne cessent de les mordre, et les charrettes qui s’obstinent à y passer écrasent et souillent au fond des ornières l’extrémité retombante des fougères. Ailleurs, ces chemins
s’élargissent, et se revêtent d’une boue végétale splendide, rougeâtre, épaisse, marquée de mille trous qui sont les mille pas des bœufs, mais d’une boue dans laquelle on ne se perd pas, car le roc n’est pas loin, et pointe ici et là en chails aiguisés défonceurs de semelles. Ailleurs encore, ces chemins deviennent des avenues, où se côtoient plusieurs ornières concurrentes, et forment aux carrefours de vastes plans bosselés, surveillés par quelques châtaigniers qui furent au temps passé témoins des singuliers ébats des sorcières. Et ces chemins majeurs sont loin d’être les seuls : ce ne sont point chemins de piétons. Ceux-ci pratiquent de préférence de simples traverses, qui coupent au plus court par des trous dans les haies, et que nul étranger ne soupçonne.
Le vrai roi du pays, c’est l’arbre : le châtaignier, surtout, ou, comme on dit, la talle. Il en est de toute espèce et de tout âge. On en voit dans les bois des armées de très jeunes, frissonnants et tout pâles, serrés les uns contre les autres, et qui savent qu’on ne les laissera pas vivre, et que fraternellement un jour ils périront ensemble : le pied restera bien, mais c’est toujours à recommencer ! Il en est d’autres par contre qui sont des vieillards vénérés, énormes, aperçus de très loin, tordus, tourmentés, terrifiants dans la nuit, allant de la splendeur à la décrépitude, et qui vivent solitaires, de loin en loin, ne frayant avec nulle autre race d’arbres, ne frayant jamais qu’avec eux-mêmes et formant alors sur les chaumes de majestueux parterres de rois.
On pourrait bien longtemps parler de ce pays. Finissons-en ! Le mieux est d’y aller, de suite, et de gagner à travers tout ce mystère l’endroit qui, de tous ces endroits, est le plus mystérieux.
C’est un bois.
Un bois comme on n’en voit pas beaucoup en Poitou.
Il est dressé sur une croupe assez élevée, et il devrait dominer l’horizon.
Mais nous sommes dans un pays où les arbres suffisent à cacher les montagnes. On ne le voit que par échappée, par hasard, par quelque fissure dans la sylve, de loin, peut-être alors que de tout près, sous les couverts, on peut y arriver sans l’avoir vu.
Je sais cependant des endroits d’où on le découvre fort bien. On contemple alors un spectacle inhabituel au pays : un bois très sombre, presque noir, un bois de sapins et de pins. Il tourne le dos aux vents du nord. Il descend en pente roide au midi. Quand on en a trouvé l’accès, on est encore retardé par des genêts, des broussailles, des fougères. Mais si l’on persévère, on atteint enfin le sol sableux où tombent d’en haut les fines aiguilles dorées. La brise prend une voix qu’elle ne possède que là. On est absolument loin, semble-t-il, de tout ce qui est vivant. Les branches commencent si bas qu’on ne peut voir très loin, mais les soirs d’été, le soleil couchant se glisse par en-dessous jusqu’au tréfonds du bois, et tout devient lumineux et blond. Le sol est parsemé de petites roches très dures, ce qui fait que de tout temps, ce bois s’est appelé le bois des Roches. Ne cherchez pas ailleurs : c’est là que tout se noue.
Vers la droite, on trouverait le vieux bourg de Goux, le Goos celtique, quatre maisons à peine. A gauche, c’est le bocageux Fombedoire, qui fut longtemps Thérouanne. En face, à quelques deux cents pas, c’est la sombre masse arrondie, indéfrichée, indéchiffrable, pleine de ruines sous les grands arbres reste d’une forteresse moyenâgeuse, que l’on appelle la Motte d’Aiglemier. Entre ces deux gardiens immenses et silencieux, une ferme s’est nichée, dont à peine on aperçoit les toits. Et c’est La Foye, la Foye-de-Goux (1).
Là demeurait, avec sa femme et ses enfants, en l’an 1720, le fermier nouveau converti, Jean Savariau, des affaires duquel nous allons maintenant nous mêler. »
(1) Aujourd’hui commune de La Couarde (Deux-Sèvres)

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