La Dame de Chambrille
La légende de Chambrille
Source : Légende écrite par H.Caillon (éditée en 1885).
Jadis, aux abords de la source du ruisseau de Chambrille, qui se jette dans la Sèvre à la Mothe-St-Héray, s’élevait le château de Font Quérré. Le châtelain propriétaire des lieux, Amaury, avait une fille d’une grande beauté qu’il avait prénommée Berthe.
Celle-ci tomba amoureuse de son jeune voisin Guy de Trémont, et l’amour de Guy pour Berthe était réciproquement tendre et passionné. Les jeunes gens commencèrent à vivre intensément ce grand amour, se firent des tas de promesses rimant avec "toujours" dans la belle inconscience de leur jeunesse.
Le Seigneur voisin, tenant la place de La Mothe-St-Héray, le Baron Tutebert de Chambrille, compagnon d’arme et ami d’Amaury, demanda à celui-ci la main de Berthe et l’obtint. En ces temps reculés, les filles devaient se soumettre aux ordres de leurs pères. Berthe de Font Quérré et Guy de Trémont en furent effondrés de douleur. Berthe devint donc Madame de Chambrille, par son mariage avec le Baron.
Quelque temps plus tard, les deux jeunes gens ne purent résister à la fougue de leur passion amoureuse et se donnèrent rendez-vous la nuit, à mi-chemin entre leurs demeures respectives, dans la vallée, près du ruisseau.
Les rendez-vous se multiplièrent, les amants prolongeaient leurs ébats dangereusement jusqu’à l’aube, et ne se quittaient que lorsqu’ils entendaient le chant du coq du Payré, le plus matinal de tous.
Les absences nocturnes de Berthe, furent malheureusement découvertes par Tutebert qui se montra fort soupçonneux. Après avoir mené une rapide enquête, il alla se cacher près du lieu de rendez-vous des deux amants juste après soleil couché pour leur tendre une embuscade.
Un moment plus tard, au clair de lune, il put vérifier que ses soupçons étaient fondés, et fou de rage, il se jeta sur eux et les poignarda. Berthe de Chambrille en fut clouée sur place et se pétrifia. Elle devint le rocher qui porte son nom désormais : La Dame de Chambrille.
Guy de Trémont, mortellement blessé se traîna comme il put en remontant la vallée perpendiculaire à celle de Chambrille pour rentrer en son logis, laissant sur son passage le ruissellement de son sang. Ces gouttes de sang devinrent des petits grenats, cailloux charriés depuis ce temps par le ruisseau qui a creusé la vallée, et qui lui ont donné le nom de Vallée aux Grenats. Guy, ayant perdu tout son sang, mourut non loin de son logis de Trémont.
Depuis lors, malgré tout, le ruisseau des Grenats vient mêler ses eaux au ruisseau de Chambrille, comme si, au-delà de la les deux jeunes amants continuaient à s’unir et à se prodiguer de douces caresses.
La Mothe Saint-Héray
Histoire
Le duc de Joyeuse fait massacrer 800 huguenots, le 21 juin 1587 (dit massacre de Saint-Éloi).
Mai 1682 : destruction du temple protestant par Louis XIV. Voir Politique anti-protestante de Louis XIV.
La commune, comme certaines autres du département, a la particularité de posséder, en conformité avec les dispositions d'une loi impériale, deux cimetières, l'un catholique, l'autre protestant (jouxtant un nouveau cimetière "multicultes") en plus bien sûr des nombreux cimetières privés familiaux créés dans leurs propriétés, aux XVème et surtout au XIXème siècle, par les descendants de huguenots, initialement écartés, au temps des persécutions religieuses et des "dragonnades" du temps de Louis XIV, des cimetières catholiques.
Patrimoine, tourisme et culture
L'Orangerie
Ce long bâtiment à deux niveaux en pierre et brique de style Louis XIII, ancienne dépendance de l'ancien château des Baudéan-Parabère - une dame de Parabère fut maîtresse de Philippe d'Orléans, régent de France - puis des Carvoisin, fut construite de 1632 à 1634 par Nicolas Tillon, maître-maçon de Richelieu (37).
Un jardin à la française avec grand canal au sud devant les deux pavillons y fut créé (cf. l'étude historique de Charlotte Pon-Willemsen publiée par la S.H.S.D.S.).
Après avoir alloué ce domaine au prince Murat qui donna de grandes fêtes dans l'orangerie jusqu'à son départ avec son épouse Caroline Bonaparte pour régner à Naples, Napoléon Ier la donna au général Georges Mouton, qu'il fit comte de Lobau - avant d'être élevé par Louis-Philippe Ier successivement aux dignités de maréchal (1831) puis de pair de France (1833) - en instituant un majorat sur la terre de la Mothe ; celui-ci mort sans héritiers en 1838, le domaine fit retour à l’État, qui le mit en vente en détail.
S'ensuivit en 1842 la démolition quasi totale du château médiéval que les vues du xixe siècle montrent cerné de douves en eau, dont subsistent quelques bâtiments, le plus important étant l'ancienne orangerie et ses deux pavillons symétriques qui, vendus à d'autres personnes, échappèrent à ce sort ; mais en 1925 l'orangerie fut partiellement démontée pour être transportée outre-Atlantique, chose qui fut interrompue par l’État.
Vestiges visibles du mobilier de la demeure, le tableau d'Abel Grimou Le Marquis d'Artaguiette en buveur (début XVIIIe siècle) ainsi qu'un ensemble de lambris peints du XVIIe siècle sont conservés au musée d'Agesci à Niort.
Restaurée à partir de 1997 et agrémentée d'un jardin à la française créé sur ce qui était devenu une cour, et d'un canal, l'ancienne orangerie est le théâtre de nombreuses manifestations culturelles et peut être aussi louée pour des évènements familiaux. L'exposition Nouvelles métamorphoses a présenté des œuvres de l'artiste contemporain Bernard Bourgeois en 2017.
Chemins et sentiers de randonnée
"Dame de Chambrille", vallée de la Sèvre, forêt de l'Hermitain à découvrir à pied ou en VTT. Topos-circuits au syndicat d’initiative au Moulin du Pont l'Abbé. En particulier le sentier remarquable qui permet de parcourir à pied La Mothe-Saint-Héray, du Moulin du pont l'Abbé à l'Orangerie.
Le moulin du Pont l'Abbé
Ce moulin dont on trouve trace dès le XIIe siècle, est un des nombreux moulins à eau qui étaient installés sur la haute Sèvre Niortaise. En 1809, lors des recensements des moulins, on comptait 13 moulins sur la commune de La Mothe-Saint-Héray, 7 sur la commune d'Exoudun. Au XVIIe siècle et XVIIIe siècle, ces moulins produisaient, à partir des blés de grande qualité cultivés à proximité, une farine renommée (les minots). La farine regroupée à Bagnault et mise en sacs était transportée à dos d'âne au port de Niort. De là, elle était acheminée par bateau à Marans et à La Rochelle. Jusqu'au XVIIIe siècle, le moulin l'Abbé réduisait en poudre des écorces de chênes ou de châtaigniers. Ce tan était utilisé pour le tannage des peaux. Il fut transformé en moulin à blé au début du XVIIIe siècle. Agrandi au XIXe siècle, il suivit les progrès techniques de la meunerie et fut rénové par le meunier Ludovic Gelin entre 1911 et 1936.
Le moulin du Pont l'Abbé, acquis par la commune, siège du syndicat d'initiative et musée, est remarquable. C'est une visite à recommander pour petits et grands. Ses installations, la grande roue hydraulique, les meules, les trieurs, les blutoirs, le rhéostat et le régulateur à boule, sont toujours en état de marche.
La Fouace Mothaise
Rendue célèbre par Rabelais dans Gargantua, la fouace se retrouve dans diverses régions de France et même en Italie et en Espagne. D’origine latine “panis focacius” voulant dire littéralement “un pain cuit sur un foyer ou sous les cendres d’un feu”, elle se déguste salée (la fougasse, la fouée) ou sucrée (la fouasse, ou la fouace). Si cette dernière semble d’origine aveyronnaise, on la trouve sous d’autres appellations : la fouace de Caen, la fouasse nantaise... et la fouace du Poitou.
La fouace, de Bagnault à La Mothe-Saint-Héray A l’origine, les fouaces étaient fabriquées à Bagnault (commune d’Exoudun) avant d’émigrer en 1902 à La Mothe-Saint-Héray. Dès le Moyen-Age, Bagnault était une plaque tournante importante pour le commerce des blés, des farines, du sel et pour ses fouaces. Les blés du Poitou étaient transformés en farine dans les moulins installés sur la Sèvre Niortaise (en 1716, on comptabilisait 120 moulins situés dans un rayon d’une lieue autour de La Mothe-Saint-Héray). Les sacs de farine, appelés “les minots de Bagnault” étaient transportés à dos de mulets jusqu’à La Rochelle, Rochefort... pour approvisionner la façade Atlantique mais aussi les Antilles et les Amériques.
Le retour de la côte se faisait avec du sel qui transitait par Bagnault avant d’être livré dans le reste du territoire. La fouace de Bagnault a su tirer profit de ce dynamisme économique. Renommée depuis le Moyen-Age, la fouace est une sorte de pain brioché mais le secret de sa fabrication est jalousement gardé secret, la recette de la fouace étant vendue avec le fonds de commerce. La dernière pâtisserie fabriquant artisanalement des fouaces est située à La Mothe-Saint-Héray.
Créée en 1982, la Confrérie de la Fouace Mothaise intronise chaque année de nouveaux fouaciers.
La fouace se déguste en part ou en tranche. Nature, avec du beurre, de la confiture, du miel, des fruits ou de la crème. Grillée pour accompagner le foie gras, le saumon fumé ou le chèvre chaud. A l’apéritif avec l’Hypocras, le Pineau des Charentes...
(Extrait de la fiche de randonnée "La vallée de Chambrille" édité par le Fédération Française de Randonnée des Deux-Sèvres.)