Le Canigou au départ d'els Masos avec un retour par le Pinatell

Canigou / Cortalets
1 ère journée : l’approche

Plusieurs jours que je surveille la météo dans l’attente d’une fenêtre favorable… banco j’y vais ! Les derniers lacets avant Valmanya sont fidèles à une route de montagne, étroite, sinueuse au milieu d’une forêt très dense. Le clapotis d’un ruisseau et les chants d’oiseaux mélodieux nous accueillent dés notre descente de voiture.
Nous voilà parti sur le mythique GR 10 …
Le sentier pierreux grimpe sec d’emblée pendant 1 h 30 sans discontinuer. Malgré mon entraînement depuis 2 mois j’avais occulté un paramètre et non des moindres… un sac à dos chargé à bloc avec de quoi bivouaquer (chiens non admis au refuge) d’un poids de 12 kgs ! Ça change la donne et chaque pas se fait rapidement de plus en plus lourd. Adieu le cabri, me voila transformé en gros pachyderme! Heureusement que par instants au détour d’une boucle le Canigou nous apparaît chapeauté de coton semblant nous dire « vous me voulez … méritez le ! ».
Le sentier escarpé finit par rejoindre une route forestière bordée de pins majestueux d’un vert éclatant qui continue de monter, moins abrupte, jusqu’au refuge des Cortalets qui nous apparaît enfin au milieu d’un voile blanchâtre qui a commencé à s’installer depuis quelques dizaines de minutes.
Le Canigou est enfoui dans un épais brouillard comme drapé dans sa dignité et refusant de se dévoiler ainsi au premier venu. Tant pis ce sera pour demain matin. En attendant j’installe la tente au milieu de cet environnement végétal où le silence règne en maître… chut respectons le 🤫
La suite à demain… 😉

Le pic du Canigou - la tête dans les nuages - les pieds sur le sommet de l’Olympe …

Nuit au milieu d’un silence absolu (même pas le bruissement des feuilles), un peu frais quand même j’ai dû dormir tout habillé… réveil 6 heures aux premières lueurs de l’aube, en forme, bien dormi !
Petit déjeuner au refuge plein de sucre rapide (croissant, confiture 😉) et départ 7h30. Temps magnifique ! Le Canigou est bien là et se dévoile pleinement. La montée au Joffre est régulière sans à coups et facile. (Dommage qu’il ne soit pas mieux marqué, il s’agit quand même d’un Maréchal de France né à Rivesaltes…).
La suite est agréable au milieu d’une multitude de petits sapins de plus en plus épars et de bosquets touffus.
Puis le milieu végétal cède soudainement sa place au détour d’une boucle au monde minéral à perte de vue.
IL se dresse face à nous tel un amas d’éboulis qui parait monstrueux et infranchissable ! Une multitude de lacets de plus en plus serrés nous élève progressivement vers le sommet invisible à nos yeux. Mais comment décrire la chaîne pyrénéenne qui nous entoure et la vallée minuscule tout en bas ? Les qualificatifs manquent et nous font oublier l’effort de plus en plus intense.
Et d’un coup le sommet ! La vue est majestueuse à 360 degrés avec une mer de nuages qui s’étend jusqu’à la mer noyée sous ce voile cotonneux. Pas un souffle de vent ! Une joie et un bien être intérieur nous submergent.
(Une pensée me traverse pour Phil … 😢)
Nous sommes 5/6 pas davantage à contempler quelques instants cette immensité, quelques mots échangés et c’est l’heure de redescendre. Même itinéraire au milieu des éboulis, une vue magnifique sur les Cortalets au pied d’un névé, retour de la végétation, des pins et du refuge qui nous accueille à midi pour une collation bien méritée sous un agréable soleil au milieu des chants d’oiseaux.
C’est l’heure du retour vers la civilisation, démontage de la tente, rangement du sac à dos … 12 kgs et les jambes commencent à subir la charge … la descente va être longue … elle l’a été ! 😰
Piste forestière peu intéressante mais en pente douce et régulière au milieu de la forêt.
Puis une longue pause sur l’herbe au Prat Cabrera … franchement fatigué en pensant à la descente vers Los Masos ! 2 possibilités, même itinéraire qu’à l’allée et ce dénivelé au milieu d’une forêt opaque ou rallonger de 2 km en passant par Pinatell mais avec un dénivelé moins prononcé… je choisis le plus court et franchement… j’en ch.. ! Je maudis ce sac à dos qui me scie les épaules et alourdit chacun de mes pas… cette descente n’en finit pas .., je fais de plus en plus de haltes en regrettant ne pas être resté une nuit de plus à la belle étoile aux Cortalets pour recharger mes batteries ! Puis je commence à entendre le doux murmure du torrent qui me redonne du courage pour en terminer … complètement rincé. 🥵
Déchaussé, les pieds dans l’eau gelée pour un rapide brin de toilette (30 secondes 🥶).
Et retour home !

En conclusion… ne pas présumer de ses capacités ! Un sac à dos de 12 kgs en montagne plus jamais ! Surtout passé 50 ans !
Circuit très sportif qui peut se faire à la journée jeune et entrainé, sinon ne pas hésiter à faire une halte (ou deux) aux Cortalets pour ne pas trop subir !

Merci pour votre retour.
En effet, sur le plan physique elle est difficile, on termine ces randonnées épuisé (j'en fais à chaque vacances dans le massif, dans ces longueurs et souvent avec plus de D+); ce que je souhaiterais trouver sur ce site, c'est une cotation technique plutôt que physique.
Lorsque je fais 25, 29 km .. entre 1800 et 2300 m de D+, je sais à quoi m'en tenir (j'en bave...). Mais je voudrais plus savoir si la randonnée est difficile sur les aspects orientation et technique.
Normalement un randonneur qui peut faire ce circuit a la condition nécessaire, et il préfèrera savoir s'il pourra passer partout, vous voyez ?
Exemple, cet été, je compte faire le Roc Nègre depuis Valmanya, aller par le col de la cirère, retour par le Puig Sec et l'option 2 ici ajoutée: cette randonnée n'est pas proposée, mais si elle l'était, j'aimerais savoir comment sont certaines parties (réputées très difficiles). Et avec juste cette cotation, on ne peut pas savoir.

En conclusion il faudrait une double cotation.
Un livre-guide de randonnées que j'ai depuis longtemps, définissait 4 niveaux d'expérience (promeneur, marcheur, randonneur, randonneur expérimenté), et proposait des tracés dont la couleur correspond aux 4 niveaux.
Ici, nous serions dans la couleur correspondant au randonneur; après cette distinction il ne mettait pas de cotation, mais juste des commentaires.
Une cotation après cette distinction (car la définition sur chaque niveau renseigne sur la condition physique et l'expérience demandée) pourrait donc être AD ou D en échelle physique, et facile pour l'échelle technique (si retour par option 1, D et AD (descente de la cheminée), si option 2: AD (- long) / AD , descente cheminée + orientation).

Pour un promeneur, la randonnée serait presque impossible, et déconseillée pour un marcheur; mais pour un randonneur, elle est dans ses cordes, et pour un randonneur expérimenté, les cotations seraient dans la moyenne pour le physique et facile pour la tech).

Bonjour JM62, merci de votre retour d'expérience. Merci également de votre suggestion de variantes.

Vous considérez que cette randonnée ne devrait pas être cotée "Difficile"... Cette randonnée est cotée "Très Difficile" et je peux vous affirmer que cette cotation est justifiée :

• Distance horizontale = 26,8 km : à plat cela justifie déjà une cotation TD.
• Dénivelé positif = 1860 m : cela justifie aussi une cotation TD.

La fiabilité est très correcte, cependant je ne classerais pas cette randonnée dans difficile ; elle est très longue certes, demande une bonne condition physique, mais hormis le dénivelé important, il n'y a pas de difficulté d'orientation ou technique.

Sinon, pour ceux que cela intéresse, à partir du Canigou on peut revenir par deux chemins différents.
Descendre d'abord vers la Porteille de Valmanya: la descente initiale demande de la prudence, pour ne pas tomber, bien se croiser et aussi éviter d'envoyer des pierres en contrebas; le sentier descend ensuite doucement (jeter un coup d'oeil au passage depuis la brèche Durier), pendant 25 minutes environ.

A la Porteille de Valmanya (2594 m), 2 options se présentent:
- option 1 (sans difficulté, mais il faut ajouter 120m de dénivelé; attention, c'est non négligeable sur un tracé aussi long): remonter à la crête du Barbet par un bon sentier balisé, puis descendre jusqu'au GR10-GR36 (dans ce cas, peut-être préférer le matin de monter aux Cortalets par la variante, et l'après-midi, le retour à Ras del Prat Cabrera par le GR10-GR36). Ce retour par la crête offre une vue splendide tout en marchant.

- option 2 : prendre un sentier (indiqué sur la carte IGN, pas toujours très marqué, mais il est balisé par des points bleus plus ou moins réguliers et des petits cairns), vers l'E légèrement Sud; d'abord en descendant légèrement, puis la pente s'accentue avant de croiser et suivre les ruisseaux qui descendent du Roc Nègre. A l'approche des arbres le chemin est parfois moins évident à suivre, essayer de garder l'orientation (vers le NE ou l'ENE), et on débouche sur le balcon du Canigou (GR 10) à 2 km du refuge de Pinateil.
Ce vallon est magnifique, très sauvage, et permet de raccourcir sensiblement le trajet retour.

Super circuit ! Mais en effet, sur une journée, c'est bien sportif.