Entre Villevieux et Ruffey-sur-Seille
Rue d'Oisenans
Lever les yeux pour voir des pignons à redents. Nombreux sont les toits du village qui présentent de tels pignons. Ils servaient d’escaliers pour saper (mettre à bas) le chaume en cas d’incendie. Plus tard, l’invention des pompes facilita la lutte contre le feu. C’est ici l’origine du mot « sapeur-pompier ».
Ruffey-sur-Seille
Le Pont Vieux ou Pont Neuf
Pour le préserver, il est aujourd’hui réservé à la circulation piétonne. Jugé vétuste en 1768, l'ancien pont du XVIe siècle est remplacé par un nouveau pont en 1770, confié à J. Aubert. L'ouvrage se compose de trois arches avec maîtresse arche en anse de panier entre deux arches en plein cintre. Le parapet est horizontal, mais le tablier est en léger dos d'âne. En octobre 1935, durant trois jours, il tombe 270 mm (27 cm) d’eau sur la région. La Seille déborde et emporte tout sur son passage. Le pont Neuf du village est détruit.
L'Église Saint-Aignan
Avec sa flèche de tuf, elle abrite de nombreux tableaux et une statuaire particulièrement riche. Dans le chœur, le tableau intitulé Le Serpent d’Airain, cadeau de la famille Lecourbe a été longtemps attribué à David. Une seconde thèse y voit plutôt l’œuvre du peintre Lebrun. Un Saint Antoine et une Vierge à l’Enfant, déhanchée, sont aussi à admirer dans le chœur. Parmi les différents objets, une très jolie Piéta, une statue de Sainte-Anne apprenant à lire à la Vierge, une chaire en chêne avec panneaux richement sculptés. Une dizaine de tableaux restaurés un à un au fil des ans complète ce mobilier remarquable.
Pour mémoire : après le pont métallique, Rue Saint-Christophe, présence d'un cadran solaire. Il s’agit ici du seul exemple franc-comtois de cadran solaire où l’inscription gravée est en grec. La devise signifie « La vie fuit comme le temps ».
Château Lecourbe
Sur la motte féodale, à l’emplacement de l’ancien château fort ruiné par les Français en 1637, le général Lecourbe fait ériger un château. Achevé en 1811, il fait l’objet de la succession difficile du général mort, sans descendance, en 1815 au cours du siège de Belfort. Alors vendu à un marchand de matériaux qui débute sa démolition, la population s’émeut et une délégation montée à Paris obtient le droit de le racheter à condition d’y installer la mairie et l’école.
Au carrefour de la Rue du Gal Gauthier avec la Rue Neuve, se trouve la maison où vécut enfant le Général Lecourbe. C’est une belle demeure du XVIIIe siècle, composée d’un logis et de deux bâtiments de communs. Général napoléonien, il se distingue par son courage et son sens de la justice. Il remporte la victoire contre le Général Souvaroff, au cours de la bataille du Pont du Diable qui, paraît-il, vaut bien celle du Pont d’Arcole. Son amitié fidèle au Général Moreau, impliqué dans le complot Cadoudal-Pichegru, lui vaut d’être exilé, en disgrâce, à Ruffey. Il se ralliera de nouveau à Napoléon pendant les Cent-Jours et défendra la ville de Belfort.
Pour mémoire : la maison du Bailli, située à la limite de l’ancienne place de la halle qui accueillait le marché… et le pilori car le bailli rendait justice depuis ses fenêtres ! Sa vaste cave voûtée servait probablement de cellier au château fort tout proche.
La Rue du Puits
Maisons médiévales. La configuration de cette rue, en arc de cercle, est le seul témoignage restant du plan médiéval qui suivait le cours de la Seille. Ses vieilles maisons, adossées aux remparts, ont subi de lourds dommages au fil des siècles, mais elles gardent encore de nombreux vestiges de cette époque (caves, fenêtres à meneaux et corbeaux de façade). À l’arrière de ces maisons, dans la rue de la Levée, on remarque des vestiges de plusieurs tours de défense (meurtrières).
Le Château de Vienne
En 1760, le château féodal est dans un tel état que la famille de Vienne choisit d’ériger un nouvel édifice aux belles dimensions. Au sommet des piliers de clôture, des pommes de pin sont symbole de fécondité et de prospérité. C'est aujourd'hui la colonie de vacances des Enfants du Métro (RATP).
L'ancien Prieuré Saint-Christophe
Fondé au milieu du VIIIe siècle, par des moines de l’abbaye St-Bénigne de Dijon, il sert d’église paroissiale jusqu’à l’édification de l’église actuelle. Au Xe siècle, le prieuré devient une possession de l’abbaye St-Marcel de Chalon sur Saône. Démoli au XIVe siècle, il est reconstruit au XVe siècle. Sans signe de conventualité en 1663, il est dit prieuré rural de l’Ordre de Cluny et sa vocation
essentielle est de faire valoir les terres qui sont très nombreuses (vignes, champs et bois). Il subsiste jusqu’à
la Révolution où il est vendu comme bien national. Acquis par Jean-Baptiste Lhomme, le prieuré devient
une exploitation agricole. Acheté en 1970, par ses propriétaires actuels, il nécessita des années de travail
pour le restaurer et lui redonner son faste d’antan.
La chapelle à deux travées, éclairée par la fenêtre ogivale du chœur, présente une voûte ornée de caissons peints en trompe-l'œil avec médaillons (unique en Franche-Comté). Le mur du chevet évoque un retable présentant deux griffons ainsi que quatre niches — dont une seule est lisible — occupée par un évêque dont la crosse est curieusement remplacée par une fleur de lys. Sur le mur de droite, un décor de rinceaux — feuillages entrelacés avec angelots — est étonnant de poésie. Le décor du mur de gauche, très abîmé par une porte de grange percée à la Révolution est difficilement identifiable. On observe dans ses murs, des pots acoustiques qui régulent le son et dont l’efficacité est prouvée par les concerts qui y sont produits.
Pour mémoire : la maison de lune sur la route de Lons. Jadis, un droit autorisait quiconque à construire sa maison sur un terrain n’appartenant à personne et d’en être propriétaire à condition qu’elle soit bâtie dans la nuit, qu’au matin la cheminée fume et la porte ferme à clef. Ce défi pouvait être relevé en Bresse, avec l’aide de compagnons par une nuit de pleine lune, grâce aux colombages qui étaient préparés d’avance.
Le moulin
Les panneaux du circuit des eaux vives racontent la vocation économique de la Seille à travers les siècles. Ce moulin est acheté en1800 par le général Lecourbe au Marquis de Damas avec l’ensemble de son domaine. Dès lors, il est loué à un exploitant, ses bâtiments sont remaniés et ses équipements rénovés. En 1861, ce moulin comporte cinq tournants, des roues dites «à augets en dessus» faisant tourner des meules, comme celles exposées devant vous. Au cours du 20e siècle, cela ne suffit plus, la puissance hydraulique du site est insuffisante. On remplace plusieurs meules par des cylindres et certaines roues hydrauliques par une turbine (avant 1928), enfin on électrifie le moulin en 1953. C’est l’heure de la minoterie industrielle ! Quarante tonnes de blé à moudre sont livrées chaque mois au moulin de Ruffey vers 1960. Malgré sa modernisation, le moulin ferme en 1970 comme de nombreux petits moulins et clôt plus de 6 siècles d’histoire meunière au village.
Le moulin à huile Rameaux
Installé sur le canal de la Seillette depuis 1857, ce moulin a toujours eu pour fonction de presser de l’huile à façon pour les gens du pays. L’huilier se rendait chaque semaine au marché de Bletterans pour y collecter les graines à presser. La semaine suivante, l’huile était livrée en fût au marché.
De l’automne au printemps, dès que le débit de la Seillette était suffisant pour entrainer la roue, on produisait ici jusqu’à 200 l d’huile par jour. Un moteur électrique aidait la roue à développer la puissance nécessaire au plus fort de l’activité de l’huilerie. Après plusieurs années de mauvaises récoltes, l’activité diminue puis cesse définitivement en 1952 quand la clientèle locale perd l’habitude de porter sa récolte de graines à presser au moulin, au profit de l’achat d’huiles toutes prêtes chez l’épicier.