Juin 1944. L'aérodrome d'Entrammes est au coeur des combats dès les premiers jours du Débarquement. Dans la nuit du 9 au 10, le 10e Squadron du Bomber Command de la Royal Air Force, dont la devise est Rem Acu Tangere (« Je frappe la cible ») est désigné pour effectuer une mission. Parti de Melbourne dans le Yorkshire en Angleterre, il doit bombarder l'aérodrome de Laval. Deux escadrilles allemandes de chasseurs bombardiers Focke-Wulf Fw 190 y sont stationnées.
Il est 00 h 15. « C'est encore la pleine lune. Elle offre une excellente visibilité sur l'objectif », précise le chef de bataillon honoraire Jean-Louis Cholet, président du comité de Laval du Souvenir français. Une vague de 25 bombardiers s'apprête à lâcher ses projectiles. Arrivant sur un axe Nord-Ouest, avant même l'attaque, un des appareils est victime de la défense antiaérienne allemande (Flak). Le « MZ 532 », un quadrimoteur Handley Page Halifax III, se fait toucher à Saint-Berthevin (à l'emplacement de l'actuelle résidence La Girandière) par un poste de la Flak. Le bombardier lâche ses bombes près du bois de L'Huisserie (à hauteur de l'actuel lycée agricole) avant de venir s'écraser en flammes au lieu-dit Le Pont-Alain, à Saint-Berthevin.
Il est 00 h 21. À bord sept hommes : un Australien, le pilote, et six Britanniques trouvent la mort. « Ils n'ont pas eu le temps de sauter. Ils se sont écrasés en 20 à 30 secondes. Les corps du navigateur Handerson et du mitrailleur Wicks, horriblement mutilés, ont été enterrés dans un même cercueil, poursuit Jean-Luc Peslier, président de l'amicale mayennaise de l'Armée de l'Air. La cible n'étant pas grande, nous pouvons supposer que l'attaque a eu lieu à moyenne altitude. C'est ce qui pourrait expliquer que l'équipage n'a pu sauter avant le crash. »
Les 24 autres bombardiers ont continué leur mission. Ils frappent l'aérodrome qui devient un chantier. Dans l'attaque, un deuxième Halifax, le « MZ 684 », est touché par la défense allemande. Il est 00 h 30. « Il s'abat à la sortie sud du village d'Entrammes dans un champ situé derrière la ferme Les Poiriers. » L'équipage, cinq Britanniques et deux Canadiens, est décimé. « Leurs corps ont été récupérés par les fermiers du coin sous contraintes des Allemands qui ne voulaient pas se disperser. Seuls les corps du pilote et du mécanicien étaient identifiables. » Les quatorze aviateurs de la Royal Air Force reposent depuis au cimetière Vaufleury.